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Les géométriquement correctes aventures de Marcel Triangle et René Rond EN GILET JAUNE
Les géométriquement correctes aventures de Marcel Triangle et René Rond EN GILET JAUNE
Catégorie : TEXTE
Sous-catégories : Imprimé
Région : Bretagne
Localisation : Brest
Année : 2020
Groupe de GJ : GJ Brest
Description : Les Gilets Jaunes triompheront
J’avais lu des textes théoriques au lycée et lorsque j’étais étudiant aux Beaux-Arts. Notamment des textes politiques, de Marx mais aussi d’anarchistes. Mais je n’avais jamais vraiment milité. Puis pendant une dizaine d’années je mettais à distance la politique pour me réfugier dans la fête et la littérature. En 2016, ma compagne m’entraîna à des manifestations contre la loi travail à Brest, mais je ne commençais pas pour autant à militer activement. Toutefois, à cette époque, je me mis à lire de nouveau des livres de politique, d’histoire, d’économie et de sociologie. J’observais aussi la vie politique du pays et étais sidéré de voir à quel point Macron était porté au pinacle par la Presse bourgeoise, juste avant l’élection présidentielle. Ça me faisait l’effet d’une propagande grossière, comme ce que l’on peut s’imaginer de régimes dictatoriaux. Sarkozy m’avait déjà fait l’effet d’être l’archétype du fondé de pouvoir de la bourgeoisie, à la tête de l’État. Mais Macron le dépassait dans ce rôle. Tout ce qu’il faisait semblait aller dans le même sens néo-libéral : mettre l’État au service de l’accumulation du capital. Macron et le gouvernement attaquaient tous les secteurs de la société, dans une apathie quasi-générale.
Puis sont arrivés les Gilets Jaunes : enfin les gens se mobilisaient en masse contre cette politique, du fait d’une baisse de leur niveau de vie, avec la fameuse taxe sur le carburant qui mit le feu aux poudres. On voyait pour une fois des prolos à la télévision, parler de leur quotidien. J’étais effaré du mépris de classe de journalistes et personnels politiques, de leurs sempiternelles injonctions à condamner la violence. En temps normal, il était rare de voir autant de populos à la télé et qui en plus, chose incroyable, l’ouvraient sans vergogne ! Et quel plaisir de voir des journalistes chevronnés ou des politiciens rompus se faire malmener par des Gilets Jaunes goguenards, lucides, sans costume ni cravate. Je voyais en direct à la télévision, à une heure de grand écoute, une véritable lutte de classes se dérouler sous mes yeux. Je ne pouvais que me réjouir de voir cette bourgeoisie apeurée devant le surgissement du « peuple des ronds-points », en jaune fluo, qu’en temps normal elle invisibilisait ! Les Gilets Jaunes, révoltés, redonnaient un peu aux Français de cette fierté révolutionnaire.
C’est en voyant une émission de ce genre que je sortis de mon isolement volontaire, aucunement malheureux. À l’époque je dessinais dans mon coin, surtout des bandes dessinées, à un rythme soutenu entrecoupé de lectures diverses. Au moment du surgissement des Gilets Jaunes, je travaillais à une longue bande dessinée : Les géométriquement correctes aventures de Marcel Triangle et René Rond, au Goulag. Je délaissais alors l’ambiance glacée de la Kolyma pour m’échauffer auprès des Gilets Jaunes et dessinais à toute allure quelques planches reprenant ces personnages géométriques, cette fois face à des journalistes bourgeois, retors, cherchant sans arrêt à les mettre en porte-à-faux. Afin de pouvoir les publier rapidement en ligne et commencer à agir un peu, à ma façon, en faveur du mouvement.
Puis j’ai fini par aller à une Assemblée Générale des Gilets Jaunes à Brest et enfin, par m’y engager totalement. Au départ, je pensais juste donner un coup de main : graphique. Mais je fus happé par ce mouvement stimulant, son auto-organisation rapide, sa solidarité et ses débats. En les côtoyant, en militant à leurs côtés, je ne pouvais qu’être inspiré pour de nouvelles planches, tant le mouvement était débordant et empli de personnages hauts en couleurs : tendres, sympathiques, énervés, parfois agaçants ou grotesques. Mais pas du genre méprisant, souvent francs, pas rancuniers. Ces relations humaines qui s’intensifient dans la lutte, avec son lot de chefs et sous-chefs, générant des situations extraordinaires, parfois cocasses, ont nourri mon imagination, tout comme les délires conspirationnistes au moment du Covid. C’est au déconfinement que j’achevais cet album : Les géométriquement correctes aventures de Marcel Triangle et René Rond, en gilet jaune.
Bastoche
Catégorie : TEXTE
Sous-catégories : Imprimé
Région : Bretagne
Localisation : Brest
Année : 2020
Groupe de GJ : GJ Brest
Description : Les Gilets Jaunes triompheront
J’avais lu des textes théoriques au lycée et lorsque j’étais étudiant aux Beaux-Arts. Notamment des textes politiques, de Marx mais aussi d’anarchistes. Mais je n’avais jamais vraiment milité. Puis pendant une dizaine d’années je mettais à distance la politique pour me réfugier dans la fête et la littérature. En 2016, ma compagne m’entraîna à des manifestations contre la loi travail à Brest, mais je ne commençais pas pour autant à militer activement. Toutefois, à cette époque, je me mis à lire de nouveau des livres de politique, d’histoire, d’économie et de sociologie. J’observais aussi la vie politique du pays et étais sidéré de voir à quel point Macron était porté au pinacle par la Presse bourgeoise, juste avant l’élection présidentielle. Ça me faisait l’effet d’une propagande grossière, comme ce que l’on peut s’imaginer de régimes dictatoriaux. Sarkozy m’avait déjà fait l’effet d’être l’archétype du fondé de pouvoir de la bourgeoisie, à la tête de l’État. Mais Macron le dépassait dans ce rôle. Tout ce qu’il faisait semblait aller dans le même sens néo-libéral : mettre l’État au service de l’accumulation du capital. Macron et le gouvernement attaquaient tous les secteurs de la société, dans une apathie quasi-générale.
Puis sont arrivés les Gilets Jaunes : enfin les gens se mobilisaient en masse contre cette politique, du fait d’une baisse de leur niveau de vie, avec la fameuse taxe sur le carburant qui mit le feu aux poudres. On voyait pour une fois des prolos à la télévision, parler de leur quotidien. J’étais effaré du mépris de classe de journalistes et personnels politiques, de leurs sempiternelles injonctions à condamner la violence. En temps normal, il était rare de voir autant de populos à la télé et qui en plus, chose incroyable, l’ouvraient sans vergogne ! Et quel plaisir de voir des journalistes chevronnés ou des politiciens rompus se faire malmener par des Gilets Jaunes goguenards, lucides, sans costume ni cravate. Je voyais en direct à la télévision, à une heure de grand écoute, une véritable lutte de classes se dérouler sous mes yeux. Je ne pouvais que me réjouir de voir cette bourgeoisie apeurée devant le surgissement du « peuple des ronds-points », en jaune fluo, qu’en temps normal elle invisibilisait ! Les Gilets Jaunes, révoltés, redonnaient un peu aux Français de cette fierté révolutionnaire.
C’est en voyant une émission de ce genre que je sortis de mon isolement volontaire, aucunement malheureux. À l’époque je dessinais dans mon coin, surtout des bandes dessinées, à un rythme soutenu entrecoupé de lectures diverses. Au moment du surgissement des Gilets Jaunes, je travaillais à une longue bande dessinée : Les géométriquement correctes aventures de Marcel Triangle et René Rond, au Goulag. Je délaissais alors l’ambiance glacée de la Kolyma pour m’échauffer auprès des Gilets Jaunes et dessinais à toute allure quelques planches reprenant ces personnages géométriques, cette fois face à des journalistes bourgeois, retors, cherchant sans arrêt à les mettre en porte-à-faux. Afin de pouvoir les publier rapidement en ligne et commencer à agir un peu, à ma façon, en faveur du mouvement.
Puis j’ai fini par aller à une Assemblée Générale des Gilets Jaunes à Brest et enfin, par m’y engager totalement. Au départ, je pensais juste donner un coup de main : graphique. Mais je fus happé par ce mouvement stimulant, son auto-organisation rapide, sa solidarité et ses débats. En les côtoyant, en militant à leurs côtés, je ne pouvais qu’être inspiré pour de nouvelles planches, tant le mouvement était débordant et empli de personnages hauts en couleurs : tendres, sympathiques, énervés, parfois agaçants ou grotesques. Mais pas du genre méprisant, souvent francs, pas rancuniers. Ces relations humaines qui s’intensifient dans la lutte, avec son lot de chefs et sous-chefs, générant des situations extraordinaires, parfois cocasses, ont nourri mon imagination, tout comme les délires conspirationnistes au moment du Covid. C’est au déconfinement que j’achevais cet album : Les géométriquement correctes aventures de Marcel Triangle et René Rond, en gilet jaune.
Bastoche